Edipo-re de Pasolini

PASOLINI

Pier Paolo Pasolini est né à Bologne en 1922. Mère institutrice, père militaire. Déménagements fréquents mais vacances annuelles à Casarsa dans le Frioul (// début du film).
Mère douce, père violent (// père violent du film)
Pier = élève brillant mais inconstant, passe le bac avec un an d’avance. Etudes de lettres à Bologne.
Mais période troublée par la guerre : père prisonnier, maison bombardée, procès
Publication d’un 1er recueil de poèmes en 1942. Ecrit aussi une pièce de théâtre et commence son autobiographie. Œuvres peu connues.
Installation de la famille à Rome en 1950. Retour du père, alcolique. Fréquentation de la banlieue : les frères Citti, deux ouvriers, dont l’un Franco deviendra Oedipe roi. Mais il fréquente aussi les milieux littéraires. Succès en 1954 avec ses romans. Est aussi scénariste.
Il fait scandale. Poème contre le pape. Procès pour pornographie. Homosexualité.
Ami de Moravia. Part en voyage avec lui (Inde) puis seul en Palestine, en Afrique puis au Maroc (où sera tourné Edipo Re).
Tombe amoureux d’un jeune garçon Giovanni Davoli qui jouera Angelo, le messager dans Edipo Re.
Films à partir de 1961 : Mamma Roma (1962) + La ricotta (1963) qui lui vaut 4 mois de prison. Adaptation de gdes œuvres littéraires comme Oedipe roi mais aussi Médée, L’Evangile selon Saint Mathieu
Positions politiques et sociales tranchées. Se fait encenser ou détester. Célébrité internationale. Originalité de son œuvre.
Vie excentrique. Rencontres louches. Assassiné en 1975.
EDIPO RE, 1967

Pasolini le dit son film le plus autobiographique.
« Ce film est autobiographique. Je raconte l’histoire de mon propre complexe d’Œdipe. Je raconte ma vie mystifiée, rendue épique par la légende d’Œdipe. Je pense que je suis suffisamment vieux pour faire mon autobiographie, et Œdipe roi, c’est mon autobiographie. »
STRUCTURE :
1ère partie : années 20 au Frioul
2ème partie : le mythe d’Oedipe
3ème partie : épilogue à Bologne
« Le premier épisode présente un petit enfant d’aujourd’hui, entre son père et sa mère, cristallisant ce qui est communément appelé le « complexe d’Œdipe ». Après quoi, dans la deuxième partie, commence la projection du mythe de ce fait psychanalytique. Œdipe roi se présente donc, dans cette deuxième partie, comme un énorme rêve du mythe qui se termine par un réveil, avec le retour à la réalité. »
DECORS
Choisissant pour décor des ruines antiques, il les a laissées en l’état, sans chercher à les rénover ni à utiliser des décors fictifs. Le réalisateur a ainsi conféré à son œuvre une atmosphère étrange, atemporelle et utopique, celle du rêve ou du mythe.
ADAPTATION DE LA PIECE ?
Ce n’est pas une pure et simple adaptation de l’Œdipe roi de Sophocle, puisque s’y mêlent des allusions à la vie du cinéaste (dans le Prologue et l’Épilogue), des éléments du mythe antérieurs à la représentation qu’en propose la tragédie (dans le premier mouvement de la partie centrale), et d’autres tirés d’Œdipe à Colone (Épilogue). Enfin, Pasolini a retraduit et sensiblement résumé, condensé la pièce du tragique grec dans la partie centrale (second mouvement)
Les acteurs jouent de façon très forcée, voire hystérique, ce qui pourrait passer pour un défaut du film ; mais ce serait oublier que l’ambition du réalisateur était justement là. En effet, Pasolini a fait de l’anti-naturalisme l’un de ses chevaux de bataille, et ce film nous le montre bien. Il privilégie l’esthétique des corps, des expressions à leur réalisme, et réussit à les transformer, comme un peintre préférant le maniérisme au réalisme

« J’ai voulu représenter le mythe d’Œdipe, c’est-à-dire quelque chose se situant en dehors de l’Histoire. Selon moi, il est aussi loin de Sophocle que de nous. Dès lors un problème de reconstitution véritablement historique ne se posait plus. Pour les costumes, j’ai donc eu recours à des images préhistoriques. J’ai consulté des livres sur la vie des Perses et des Aztèques, ainsi que sur celle des tribus africaines d’aujourd’hui, qui, elles aussi, sont mythiquement structurées »

L’armement est totalement fantaisiste ; l’architecture est italienne dans le prologue et l’épilogue, maghrébine (Maroc) dans la partie centrale. Ce qui intéresse Pasolini, comme il le répète à J. Duflot dans leurs entretiens, c’est le mythe dans son universalité et le rapport au sacré, que la civilisation industrielle a oublié. Cinéma de poésie.